lundi 28 septembre 2009

Déménagement réalisé avec succès

Nouvelle immigration ! Mais cette fois ci, sur le web !!!!
Rendez vous ICI

dimanche 19 avril 2009

Le Québec et Obama


Découvrez la soirée Et obama dans tout ça ! organisée par le Festival PanAfrica le 16 mars au cinéma Beaubien. Deux documentaires qui ont présenté sous différentes formes la victoire du nouveau président des États-Unis. Un reportage mis en ligne sur Touki Montréal


Revivre la victoire du premier président noir, la démarche peut paraître sans intérêt et pourtant... Le documentaire de Dominique Dubosc sonne réellement comme une "Obama Song". Armé d'une caméra visiblement légère, il nous entraîne dans les rues de New York, le soir d'une ville remplie de gens heureux. Si la technique peut énerver alors qu'on ne s'attend qu'à 17 minutes de visionnement, elle nous permet finalement d'entrevoir la magie d'une soirée historique.

Le réalisateur est parvenu à capter ces moments intimes comme l'image de cette femme qui danse devant un brass band dont on ne sait pas si elle pleure ou si elle sue à grosses gouttes. En traversant la foule, on entend cette autre dame au téléphone qui crie : "On danse , on rêve !" Le fil se déroule et la fin, un sac plastique traine sur le trottoir vide, le rêve semble fini, revient-on à la réalité? Cette question, les organisateurs de la soirée ont voulu se la poser à travers le prisme du Québec.

"Hello Chicago ! " Ce sont les premiers mots du discours de Barack Obama lors de sa victoire. A travers le documentaire français de Roxanne Frias, c'est dans cette ville que nous est présentée le chemin d'un jeune politique qui vient juste de quitter Harvard.

Le parcours d'Obama résonne dans un Québec où aucun député noir n'est élu à Montréal, comme le rappelait l'invité de la soirée Frantz Benjamin, commissaire scolaire à la Commission scolaire de la Pointe-de-l'île et ex-Président du Conseil interculturel de Montréal. Une soirée qui n'aura malheureusement réuni qu'une dizaine de personnes.

Si les intervenants semblent bien choisis, les nombreuses plongées sur des photos de Barack Obama choquent et font éloigner les spectateur d'une constrution narrative solide et documentée. Une histoire qu'on aime pourtant entendre à répétition. Celle d'un président... noir... et si jeune...

La ville est remplie de saisons


imageAnastasia Friedman

Rencontre avec Anastasia Friedman à propos de son album «Full Circle», pour Soundbeatmag

Habitué des lieux pratico-pratiques pour le déroulement d’une entrevue, je me dirige à pied depuis Jean Talon vers le Miss Villeray qui, comme son nom l’indique, est perdu dans le quartier du même nom. Et pourtant, en y entrant, un feu de cheminée bien agréable m’accueille. La tête de chevreuil qui trône au milieu de ce lounge où travaille parfoisAnastasia Friedman donne un sentiment de cocooning. Le lieu créé par des artistes est finalement parfaitement propice.

« J’ai décidé de créer des racines, une stabilité à Montréal », explique Anastasia Friedman. Des mots assez étonnants d’une artiste aux origines si variées. Anastasia est née de deux exilés à Montréal : une mère chilienne et un père new-yorkais. Son père, parti trop tôt, l’a en quelque sorte amenée vers la musique anglophone : « À 13 ans, j’avais besoin de retrouver mon père. J’ai suivi ses pas à travers la musique des Beatles et de Neil Young. » Un langage qui se ressent dans son dernier album Full Circle. Auparavant la chanteuse du groupe Sky, elle est partie en 2002 pour s’éloigner de la pop. Sa nouvelle voie lui semble donc naturelle : « J’ai toujours été une chanteuse folk. Je voulais m’identifier à mes parents et à leur vie dans les années 70. C’était une époque et un style de vie incroyable. »

Des racines pour voyager

Anastasia Friedman a visiblement suivi les traces d’une vie libre et ouverte : « Je suis allée en Indonésie et comme je n’avais pas d’argent pour retourner chez moi je suis partie en Australie pour y travailler. J’y suis finalement restée plus de temps que prévu. J’ai aussi fait la route du Mexique jusqu’au Panama. » Pourtant, Montréal est la seule ville qui lui permet de revivre cet état de perpétuel mouvement : « Je reviens toujours à Montréal. Peut-être grâce aux changements de saison. » Elle hait l’automne, mais préfère la fin de l’été, signe annonciateur d’une autre saison.

Pour oublier son envie de bouger, Full Circle donne un autre message : installez-vous, ne vous inquiétez pas, je vais rester, semble-t-il nous dire. Un sentiment qui se cristallise en concert, peu de gestes ou de paroles lui permettent de faire voyager son public. Les silences du Gesù avaient dû offrir une belle surprise à Ian Kelly le mois dernier, beaucoup plus stressé que sa première partie. « Je suis toujours nerveuse avant un spectacle, mais après je n’ai plus aucun stress. » confie-t-elle.

Pour le futur, Anastasia Friedman aimerait aller vers la spontanéité : « Dans cet album, on est plus allé vers le choix des instruments, vers quelque chose de plus cérébral. Pendant l’enregistrement, j’avais toujours hâte que ça sorte, mais on ne peut pas toujours penser à l’avenir. » Elle pense pourtant déjà à son prochain album : « J’aimerais faire quelque chose de plus heureux, moins nostalgique. Je vais essayer d’être moins gentille et plus directe. On a toujours tendance à se censurer pour ne pas faire peur. J’ai envie de me dépasser au niveau de la plume. On va voir si je réussis. »

Le cercle de son Full Circle, elle le fait aussi dans les langues qu’elles parlent couramment : le français, l’anglais et l’espagnol. Quand elle s’exprime, elle cherche ses mots, mais garde le charme des Montréalaises perdues dans la beauté du multiculturalisme ambiant : « Je tente de m’améliorer dans chaque langue, je ne veux pas que cela devienne une excuse ». Si elle a suivi des cours de guitare et de chant à Santiago tout en travaillant dans la plantation d’avocats familiale, Anastasia Friedman se considère plus comme une interprète. « Pour moi la guitare est plus un outil pour chanter », rappelle-t-elle. Espérons que Ian Kelly ait la bonne idée de la réinviter au Gesù pour sa date supplémentaire du 8 mai prochain.

Le Québec adopte une californienne


imageLa Californienne Eleni Mandell

Entrevue avec Eleni Mandell, une auteure-compositrice-interprète de Los Angeles, pour Soundbeatmag

Il y a parfois des coups de fil qui dérangent. Surtout quand vous sentez qu’Eleni Mandell vient de se réveiller pour vous répondre. Vous sentez sa voix encore plus présente que dans ses chansons. Vous êtes encore plus gênés quand elle vous apprend qu’elle doit parler bas parce que son guitariste dort encore. Pourtant, une fin de matinée ne vous apparaît pas comme une heure matinale. C’est bien l’horaire qu’on vous avait donné. Mais c’est quand vous lui demandez où elle se trouve que tout prend un sens : « Je suis à San Francisco, on y a fait un concert hier ».

La Californienne qui est passée à Montréal au début de mars au Divan Orange est devenue la coqueluche des Québécois. Sur son dernier album rock/alternatif/indie, le titre éponyme
Artificial Fire est un symbole fort. Elle y cite Montréal, ville qu’Eleni Mandell affectionne tout particulièrement : « Il y a vraiment une sensualité dans cette ville, c’est facile de s’en inspirer. C’est très différent car c’est une place unique. J’ai des amis musiciens depuis 10 ans à Montréal. J’ai écrit cette chanson à l’aéroport de Québec ».

Adoptée par le Québec?
Eleni Mandell en rêve : « J’en serais vraiment trop contente », dit-elle gênée. Sur scène, ses petites phrases en français donnent une impression tellement étrange : une Californienne qui parle à son public… en français. La langue de Molière? Pas tout à fait. Eleni Mandell n’a pas eu le même accueil de l’autre côté de l’Atlantique : « Ce qui est marrant, c’est qu’en France, on me demande pourquoi je parle en français. Au Québec, c’est le contraire. » Pour cette chanteuse, apprendre le français est toujours un long processus. « J’ai toujours aimé étudier. Je vais continuer à me perfectionner », explique-t-elle.

Si elle n’a pas encore enregistré d’album complet en français, sa musique est devenue plus énergique dans Artificial Fire. Sur scène, l’album prend tout son sens, la magie de Montréal est mélangée avec le souffle californien d’un band tellement bien rodé. Heureusement, pour son public coincé à Montréal, son disque reste une très très bonne roue de secours avant l’achat d’un billet d’avion.

La simple histoire d'une mezzanine

imageCrédit photo: Morgane Bou

Rencontre avec le chanteur Yann Perreau à propos de son nouvel album « Un Serpent à Plumes ». Entrevue réalisée pour Soundbeatradio

Un jour, un chanteur de chez nous est resté dormir chez une chanteuse française. C'était à Paris. Cela a duré un mois. Il a dormi sur sa mezzanine, elle en bas, près de son piano.

Un soir, il s'est mis à ranger et à décorer son petit appartement. Elle a été emballée et touchée de cette attention. Il est reparti au Québec...Un autre jour, elle lui a envoyé un poème pour le remercier. Ils en ont fait une chanson. Ce chanteur c’est Yann Perreau, cette chanteuse, Camille. Ce « beau hasard » a finalement donné la dernière chanson L’Ange sur la Mezzanine du dernier album de Yann Perreau Un Serpent à Plumes.

Toujours sur cette chanson, on ne peut que tendre l’oreille lorsque ces quelques mots apparaissent : « Il y a un ange qui encule les mouches qui plient leurs ailes ». Des moments d’humour qui reviennent tout au long de l’album : « Il y a des petits côtés humoristiques comme ça, c’est la même chose avec les guitares qui sont très lourdes dans certaines chansons », explique Yann Perreau. Heureusement, ces touches colorées sont à leur juste place, elles nous réveillent quand il le faut, nous font revenir à l’écoute.

Peut-on considérer le nouvel album de Yann Perreau comme un recueil de chansons? L’intéressé acquiesce : « Ce sont vraiment de beaux textes qui pourraient vivre sans musique ». Yann Perreau a été aidé par de nombreux auteurs comme Michel X. Côté (Richard Desjardins) ou Dédé Traké : « Quand tu as des textes comme ça, tu ne peux pas les refuser! »
Des textes qu’il a pu travailler et retravailler. Afin de ne pas proposer un album en construction à son public, Yann Perreau a préféré finaliser ses chansons avant de les graver : « On a fait 15 spectacles avant l’enregistrement en studio avec des publics différents, dans des petits bars. C’est une façon de muscler les chansons. Ce qui fait qu’aujourd’hui, je vis bien avec les arrangements. Jusqu’à la dernière journée avant l’entrée en studio, je trafiquais encore des paroles ou des arrangements ». Ce sont parfois des détails que la scène a permis de régler. « Par exemple pour Le Marcheur rapide, j’ai remplacé « stoppé » en « arrêté », trois syllabes au lieu de deux, ça coule beaucoup mieux », dit-il en chantant énergiquement le refrain.

Les nombreux concerts n’ont pas été les seules énergies qui ont permis à Yann Perreau de fleurir ses chansons. L’artiste est parti voyager plusieurs mois en France, mais surtout deux mois en Inde. On retrouve justement au début de la chanson Le Marcheur rapide, le son des paroles d’un vieil homme : «C’est un vieil Hindou qui me racontait comment se déroulait la crémation. Quand je suis allé en Inde, je me suis rendu compte que c’est plus qu’un pays, c’est un continent avec une culture tellement différente. C’est très ressourçant », explique Yann Perreau.

Si on dit souvent qu’un Occidental peut revenir fou après son premier voyage en Inde, Yann Perreau est revenu au contraire beaucoup plus sage. Il réussit à s’engager avec Le Pays d’où je suis. Les différents arrangements de ces chansons éclectiques ne froissent pas l’oreille. Tout en ne s’éloignant pas du rock, il pose sur la neige son piano quand il le faut, comme le chante son collègue Martin Léon sur le disque en hommage à Gaston Miron. Je marche à toi, chantait-il dans Douze hommes rapaillés. Avec son dernier album, c’est son public qui vraisemblablement devrait marcher vers lui.

Naissance de Touki Montréal



L’art et le cinéma africains à Montréal


Venez découvrir le nouveau site d’information sur l’art et le cinéma africains à Montréal : Touki Montréal

Cinéma, musique, littérature sont couverts par de nombreux journalistes provenant de différents médias montréalais. Ils ont chacun le désir de vous faire partager leurs découvertes. Analyses, entretiens avec des réalisateurs, des comédiens, critiques de films, interviews d’universitaires, vidéos, reportages audio, sujets de société. Touki Montréal est là pour vous faire découvrir l’actualité montréalaise.

Ne ratez aucun sujet en suivant Touki Montréal sur twitter à http://twitter.com/ToukiMtl

A propos de la naissance de Touki Montréal :

À mon tout premier cours de littérature africaine francophone, mon professeur Momar Désiré Kane, a mis une cassette dans le magnétoscope. Le nom est apparu : Touki Bouki de Djibril Diop Mambéti. Puis il a appuyé sur Lecture…

Depuis ce jour, je ne peux oublier ce film qui m’a fait découvrir le cinéma africain. Un cinéma riche, créatif et surprenant dans sa diversité.

Auparavant, ce fut Cheikh Hamidou Kane et son « aventure ambiguë » qui m’avaient fait oublier mes études de lettres modernes pour me diriger vers Ahmadou Kourouma et les autres…

Touki en wolof signifie voyage, plusieurs journalistes de médias montréalais et du monde entier vous proposent à travers cette plateforme un voyage à travers le cinéma, la littérature, la musique d’un continent qui traversent chaque jour le coeur de nombreuses personnes. Nous espérons que vous en ferez un jour partie. Si cela est déjà fait, venez rejoindre la communauté de Touki Montréal.


Des professeurs de l'université de Montréal (UdeM) ont rendu publique le 14 avril leur demande de reconnaissance et de classement en bien culturel du bâtiment du 1420 Mont-Royal, ancienne maison mère des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie.

Coup de théâtre, Paolo Catania , chef de direction du groupe immobilier F.Catania, à qui est destinée la promesse de vente du bâtiment, annonce dans la même journée qu'il appuie cette demande.

Que signifient ces multiples annonces pour l'avenir du 1420 Mont-Royal ? Charles MATHON s'est entretenu avec trois intervenants.

Jean Bissonnette, directeur du patrimoine et de la muséologie au ministère de la Culture.

Daniel Turp, membre du Rassemblement pour la sauvegarde du pavillon 1420 Mont-Royal ( à l'origine de la demande de reconnaissance de classement), professeur titulaire à la faculté de Droit de l'Udem, ancien député de la circonscription Mercier.

Paolo Catania, chef de direction du Groupe Immobilier F.Catania

Écoutez les entrevues réalisées par Charles MATHON avec Gilles Sénécal à l’animation du Midi Libre, sur les ondes de CIBL

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jeudi 26 mars 2009

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Le casino de Montréal investira sur 4 ans 305 millions de dollars pour des rénovations. Il souhaite se repositionner en Amérique du Nord face à ses concurrents. Près de 100 millions de dollars seront alloués à la réfection des infrastructures des anciens pavillons d'Expo 67 sur l'île Notre Dame.

Cet investissement intervient trois après le projet avorté du nouveau casino à la pointe Saint-Charles. Est-ce le moyen d'oublier cet échec , cet investissement aurait-il pu profiter à d'autres infrastructures montréalaises ?

Alain Roy, porte parole du casino de Montréal a répondu aux questions de Charles MATHON dans l'émission du Midi Libre animée par Nicholas Bergeron.

jeudi 12 février 2009

Un promoteur pourrait rejoindre Devimco à Griffintown

Phase 1 du projet de Devimco repoussé  en raison de la crise économique 

Le promoteur Tony Salvo de la firme ARTA a été reçu jeudi matin par Normand Proulx, directeur de l'aménagement urbain de l'arrondissement sud-ouest, pour une étude de son projet, refusé il y a plus d'un an lors de l'adoption du plan particulier d'urbanisme ( PPU). Le projet de Tony Salvo représente 30 millions de dollars et se situerait au coin de la rue De la montagne et d'Ottawa.


En raison de la crise économique, le projet Griffintown qui ne devait être l'oeuvre que d'un seul promoteur a été reporté à septembre, selon André Bouthier, porte parole de Devimco. Ce report pourrait laisser la place à d'autres firmes.


Patricia Bouchard chargé de communication de l'arrondissement sud-ouest, a confirmé ce rendez-vous avec Tony Salvo mais affirme qu'aucun autre promoteur n'a pour l'instant été reçu. La mairesse Jacqueline Montpetit est actuellement en congé et n'a pu répondre aux questions de CIBL.


Selon Patricia Bouchard, l'arrondissement sud-ouest ne veut pas 'fermer la porte" aux personnes pressées d'être écoutées dans cet avenir incertain. "Il se peut que le gel des permis soit levé mais nous ne pouvons pas savoir", a-t-elle ajouté. Le décret visant à geler la délivrance des permis de construire se terminera le 28 avril prochain.


CIBL a recueilli les propos de Tony Salvo à la sortie de sa rencontre avec Normand Proulx.




Un reportage de Charles MATHON extrait de l'émission Le Midi Libre du 12 février 2009 sur les ondes de CIBL

lundi 19 janvier 2009

Le magicien de Kaboul


La quête d'un père qui a perdu son fils dans les attentats du World Trade Center et décide d'aider le peuple afghan afin de briser le cycle de la violence

La critique du film Le magicien de Kaboul présenté au Cinéma Ex-Centris à partir du 16 janvier

Charles MATHON

Kaboul en Afghanistan, Haruhiro Shiratori s’ennuie dans le hall d’entrée d’un hôtel. Il se dirige, souriant, vers une femme qui porte le voile. Premier obstacle, les hommes détournent leur regard sérieux vers la scène. Ne parlant que le japonais, Haruhiro fait comprendre à la dame qu’il a besoin de son voile. Toujours en souriant, il le prend de ses deux mains. La femme et les hommes aux alentours s’inquiètent. La femme comprend petit à petit pourquoi ce magicien a besoin de ce bout de tissu pour faire son tour. Dans cet instant magique où la barrière de la langue disparaît, la femme le laisse faire. Le tour de magie fonctionne, elle rit, les hommes et les gardiens de sécurité afghans de l’hôtel peuvent se détendre.

Cette scène, si forte, reflète les barrières franchies par Haruhiro Shiratori, magicien mais avant tout, restaurateur à Tokyo. Son fils unique, Atsushi, vivait à New York et est mort dans les tours du World Trade Center. Après l’indicible, le père a choisi de sublimer sa colère et sa douleur et d’aller directement à la rencontre du peuple afghan. Philippe Baylaucq, réalisateur du documentaire « Le magicien de Kaboul », l’a filmé pendant plusieurs années et nous livre ce chemin à contre courant. Au Japon, en Afghanistan, aux Etats-Unis, le restaurateur devenu magicien tente de faire passer un message à travers la magie. Il explique sa douleur, se livre dans son désir d’expier mais aussi de faire apprendre tout en faisant sourire.

À la mémoire de son fils

De son premier voyage en 2003 jusqu’à 2007, la caméra nous montre les obstacles d’un père qui doit se battre pour son projet. Haruhiro Shiratori souhaite faire construire, sur une colline qui surplombe Kaboul, un parc commémoratif à la mémoire de son fils. En parallèle, le père doit aussi redécouvrir son enfant unique dont les liens avec lui avaient été rompus longtemps avant sa mort. Il part donc à la recherche de souvenirs auprès des amis et de la nouvelle famille. Des scènes terribles, indicibles. Des scènes qui se lient malheureusement, à travers chaque continent, chaque histoire, chaque guerre, en Afghanistan, pays ravagé par les derniers bombardements. Au Japon où Haruhiro Shiratori a vécu dans le Tokyo de la Seconde Guerre Mondiale et est devenu orphelin à huit ans. Aux Etats-Unis, où les images vues et revues ont été habilement remplacées par le son.

Ils ont faim

Cette douleur universelle, elle se voit aussi et surtout dans le regard des enfants afghans. Haruhiro Shiratori se pose pourtant la question : « Pourquoi ces enfants ont-ils de si beaux yeux, un si beau regard ?» Sa réponse n’en est que plus terrifiante « Ils ont soif de découverte parce qu’ils ont faim… »

Pourtant, grâce à un simple tour de magie au coin d’une ruelle, Haruhiro Shiratori parvient à faire vivre un sourire. Philippe Baylaucq, par ses plans serrés, parvient aussi à nous montrer cette joie infime mais qui fleurit pendant un instant au coin de ces visages d’enfants.

Planter des cerisiers au milieu de Kaboul, la symbolique est belle. Mais on se dit au début que les Afghans auraient besoin d’abord de paix et d’éléments vitaux plutôt que d’une colline boisée et d’une école dépourvue de professeurs non payés. Pourtant, en voyant cet homme se battre pour créer des racines sur une colline aride, on se met à croire au rêve de Haruhiro Shiratori. Créer une alliance entre le Japon et l’Afghanistan, deux pays que tout éloigne mais dont les racines des cerisiers pourront fleurir pour un avenir autre que celui de la colère et de la vengeance.

Le magicien de Kaboul, à l’affiche dès le 16 janvier 2009 au cinéma Parallèle ( Ex-Centris) à Montréal.

Mis en ligne sur le site Soundbeatradio.com le 16 janvier 2009

Infirmière au combat


Un rapport du minière de la Défense, paru en décembre 2008, révèle que depuis le début des opérations en Afghanistan, 360 soldats canadiens ont été blessés et 106 ont perdu la vie.
(Photo : Caporal Jasper Schwartz, Army News Exercice Mapple Guardian 0802, ministère de la Défense nationale)

Charles MATHON

Infirmière et soldate, mère de famille, étudiante à l’École nationale d’administration publique, Amélie Proulx ne chôme pas. Pour la troisième fois depuis 2004, elle quitte le Québec pour aller prêter main forte à l’armée canadienne en Afghanistan. Cette fois-ci, elle y restera deux mois afin de travailler à l’hôpital militaire de Kandahar. Quartier Libre l’a rencontrée avant son départ.


Amélie Proulx est infirmière dans l’armée canadienne depuis 10 ans. Si elle ne correspond pas à l’image froide et dure que l’on se fait d’une soldate, sa force transparaît néanmoins dans ses paroles. « Ce que je retiens de mes expériences ? C’est que ça fait apprécier les choses de la vie. Certaines personnes se plaignent le ventre plein », dit-elle. Capitaine dans l’armée et mère d’une petite fille, Amélie Proulx n’a pas peur d’exercer son métier en Afghanistan : « Être infirmière dans de telles conditions, c’est un peu ce qu’espère chacune dans ce métier, on va au bout de nos capacités », raconte-t-elle.


Un rapport du minière de la Défense, paru en décembre 2008, révèle que depuis le début des opérations en Afghanistan, 360 soldats canadiens ont été blessés et 106 ont perdu la vie.
(Photo : Jasper Schwartz, Army News Opération Mapple Guardian 0802, ministère de la Défense nationale)

Une autre réalité

Comme tout soldat, Amélie Proulx a dû passer un test physique avant de pouvoir partir : une marche de 13 kilomètres avec 20 kilogrammes sur le dos. Mais son travail sera surtout de sauver des vies : « C’est complètement différent des soins intensifs en Occident. Une infirmière doit être flexible, on doit pouvoir s’adapter au contexte multinational. Ce qui est important c’est que le patient survive », explique-t-elle. Le corps médical, constitué de plusieurs nationalités, s’occupe des militaires blessés. « On n’a pas de parti pris, mais lorsqu’on voit arriver un soldat de notre pays, ça fait toujours quelque chose », avoue Amélie Proulx.

La jeune soldate se souvient de sa journée la plus dure : « Pendant 22 heures de travail en continu, je pense que je n’ai pu prendre qu’une seule minute de repos tellement il y avait de patients à soigner. Je me souviens aussi avoir attendu cinq heures pour aller aux toilettes. » Ses journées habituelles ne sont pas pour autant plus tranquilles. Avec un horaire de travail plutôt irrégulier, mais qui s’étend habituellement de 8 h du matin à minuit, Amélie Proulx voit arriver toutes sortes de patients. « On doit faire de la traumatologie, soigner des blessures par balles et des mutilations causées par des mines et des explosifs. Il peut arriver 15 patients d’un seul coup », dit-elle.

Le support de son entourage

En route pour une troisième mission, Mme Proulx se doute de ce qui l’attend à l’hôpital de Kandahar. La première fois qu’elle a quitté le Québec pour l’Afghanistan en 2004, elle ne craignait pas de partir : « Je voulais voir ce que c’était », dit-elle. Elle avoue toutefois ne pas être souvent sortie du camp militaire où elle travaillait. « Je suis sortie seulement une fois, c’était lors de ma première expérience à Kaboul. Et c’est vrai qu’on est regardée différemment par les hommes. Il y a une grosse différence en ce qui concerne le traitement des femmes », affirme-t-elle.

Heureusement, dans les moments difficiles, elle peut conter sur le soutient de sa famille : « Mon mari me comprend, bien sûr, car il est militaire. Pour ma petite fille de huit ans, cela fait partie de sa vie. Je trouve ça très bien qu’elle comprenne que tous les enfants de son âge n’ont pas la même vie qu’elle. »

Grâce à un plan de garde de l’armée canadienne, le père ou la mère peut être présent lorsque l’autre est à l’étranger. « Nous avons aussi beaucoup d’aide de notre famille. Tout est bien structuré », ajoute Amélie Proulx.

Lorsqu’elle reste à Montréal, l’infirmière enseigne en traumatologie au Centre universitaire de santé McGill et forme le corps médical qui doit partir pour de nouvelles missions. Mais elle ne s’arrête pas là. Amélie Proulx prépare aussi une maîtrise en administration publique à l’ÉNAP.

De longs mois

Pour la jeune femme, les épreuves physiques et mentales qu’elle s’apprête à affronter au cours des prochains mois font « partie de son travail ». Une fois l’avion décollé, plus question de revenir en arrière : l’armée ne donne tout simplement pas l’option de rentrer au pays. Les rapatriements se produisent uniquement dans le cas de blessures graves. Après plus d’une centaine de morts au combat et un mari militaire grièvement blessé l’année dernière, Mme Proulx préfère ne pas penser au pire. « C’est plus difficile quand on est pas là. Sur place, on le vit », dit-elle. Le retour d’Amélie Proulx est prévu pour mars 2009.

Article paru dans le Quartier Libre, n°9; 14 janvier 2009