La quête d'un père qui a perdu son fils dans les attentats du World Trade Center et décide d'aider le peuple afghan afin de briser le cycle de la violence
La critique du film Le magicien de Kaboul présenté au Cinéma Ex-Centris à partir du 16 janvier
Charles MATHON
Kaboul en Afghanistan, Haruhiro Shiratori s’ennuie dans le hall d’entrée d’un hôtel. Il se dirige, souriant, vers une femme qui porte le voile. Premier obstacle, les hommes détournent leur regard sérieux vers la scène. Ne parlant que le japonais, Haruhiro fait comprendre à la dame qu’il a besoin de son voile. Toujours en souriant, il le prend de ses deux mains. La femme et les hommes aux alentours s’inquiètent. La femme comprend petit à petit pourquoi ce magicien a besoin de ce bout de tissu pour faire son tour. Dans cet instant magique où la barrière de la langue disparaît, la femme le laisse faire. Le tour de magie fonctionne, elle rit, les hommes et les gardiens de sécurité afghans de l’hôtel peuvent se détendre.
Cette scène, si forte, reflète les barrières franchies par Haruhiro Shiratori, magicien mais avant tout, restaurateur à Tokyo. Son fils unique, Atsushi, vivait à New York et est mort dans les tours du World Trade Center. Après l’indicible, le père a choisi de sublimer sa colère et sa douleur et d’aller directement à la rencontre du peuple afghan. Philippe Baylaucq, réalisateur du documentaire « Le magicien de Kaboul », l’a filmé pendant plusieurs années et nous livre ce chemin à contre courant. Au Japon, en Afghanistan, aux Etats-Unis, le restaurateur devenu magicien tente de faire passer un message à travers la magie. Il explique sa douleur, se livre dans son désir d’expier mais aussi de faire apprendre tout en faisant sourire.
À la mémoire de son fils
De son premier voyage en 2003 jusqu’à 2007, la caméra nous montre les obstacles d’un père qui doit se battre pour son projet. Haruhiro Shiratori souhaite faire construire, sur une colline qui surplombe Kaboul, un parc commémoratif à la mémoire de son fils. En parallèle, le père doit aussi redécouvrir son enfant unique dont les liens avec lui avaient été rompus longtemps avant sa mort. Il part donc à la recherche de souvenirs auprès des amis et de la nouvelle famille. Des scènes terribles, indicibles. Des scènes qui se lient malheureusement, à travers chaque continent, chaque histoire, chaque guerre, en Afghanistan, pays ravagé par les derniers bombardements. Au Japon où Haruhiro Shiratori a vécu dans le Tokyo de la Seconde Guerre Mondiale et est devenu orphelin à huit ans. Aux Etats-Unis, où les images vues et revues ont été habilement remplacées par le son.
Ils ont faim
Cette douleur universelle, elle se voit aussi et surtout dans le regard des enfants afghans. Haruhiro Shiratori se pose pourtant la question : « Pourquoi ces enfants ont-ils de si beaux yeux, un si beau regard ?» Sa réponse n’en est que plus terrifiante « Ils ont soif de découverte parce qu’ils ont faim… »
Pourtant, grâce à un simple tour de magie au coin d’une ruelle, Haruhiro Shiratori parvient à faire vivre un sourire. Philippe Baylaucq, par ses plans serrés, parvient aussi à nous montrer cette joie infime mais qui fleurit pendant un instant au coin de ces visages d’enfants.
Planter des cerisiers au milieu de Kaboul, la symbolique est belle. Mais on se dit au début que les Afghans auraient besoin d’abord de paix et d’éléments vitaux plutôt que d’une colline boisée et d’une école dépourvue de professeurs non payés. Pourtant, en voyant cet homme se battre pour créer des racines sur une colline aride, on se met à croire au rêve de Haruhiro Shiratori. Créer une alliance entre le Japon et l’Afghanistan, deux pays que tout éloigne mais dont les racines des cerisiers pourront fleurir pour un avenir autre que celui de la colère et de la vengeance.
Le magicien de Kaboul, à l’affiche dès le 16 janvier 2009 au cinéma Parallèle ( Ex-Centris) à Montréal.
Kaboul en Afghanistan, Haruhiro Shiratori s’ennuie dans le hall d’entrée d’un hôtel. Il se dirige, souriant, vers une femme qui porte le voile. Premier obstacle, les hommes détournent leur regard sérieux vers la scène. Ne parlant que le japonais, Haruhiro fait comprendre à la dame qu’il a besoin de son voile. Toujours en souriant, il le prend de ses deux mains. La femme et les hommes aux alentours s’inquiètent. La femme comprend petit à petit pourquoi ce magicien a besoin de ce bout de tissu pour faire son tour. Dans cet instant magique où la barrière de la langue disparaît, la femme le laisse faire. Le tour de magie fonctionne, elle rit, les hommes et les gardiens de sécurité afghans de l’hôtel peuvent se détendre.
Cette scène, si forte, reflète les barrières franchies par Haruhiro Shiratori, magicien mais avant tout, restaurateur à Tokyo. Son fils unique, Atsushi, vivait à New York et est mort dans les tours du World Trade Center. Après l’indicible, le père a choisi de sublimer sa colère et sa douleur et d’aller directement à la rencontre du peuple afghan. Philippe Baylaucq, réalisateur du documentaire « Le magicien de Kaboul », l’a filmé pendant plusieurs années et nous livre ce chemin à contre courant. Au Japon, en Afghanistan, aux Etats-Unis, le restaurateur devenu magicien tente de faire passer un message à travers la magie. Il explique sa douleur, se livre dans son désir d’expier mais aussi de faire apprendre tout en faisant sourire.
À la mémoire de son fils
De son premier voyage en 2003 jusqu’à 2007, la caméra nous montre les obstacles d’un père qui doit se battre pour son projet. Haruhiro Shiratori souhaite faire construire, sur une colline qui surplombe Kaboul, un parc commémoratif à la mémoire de son fils. En parallèle, le père doit aussi redécouvrir son enfant unique dont les liens avec lui avaient été rompus longtemps avant sa mort. Il part donc à la recherche de souvenirs auprès des amis et de la nouvelle famille. Des scènes terribles, indicibles. Des scènes qui se lient malheureusement, à travers chaque continent, chaque histoire, chaque guerre, en Afghanistan, pays ravagé par les derniers bombardements. Au Japon où Haruhiro Shiratori a vécu dans le Tokyo de la Seconde Guerre Mondiale et est devenu orphelin à huit ans. Aux Etats-Unis, où les images vues et revues ont été habilement remplacées par le son.
Ils ont faim
Cette douleur universelle, elle se voit aussi et surtout dans le regard des enfants afghans. Haruhiro Shiratori se pose pourtant la question : « Pourquoi ces enfants ont-ils de si beaux yeux, un si beau regard ?» Sa réponse n’en est que plus terrifiante « Ils ont soif de découverte parce qu’ils ont faim… »
Pourtant, grâce à un simple tour de magie au coin d’une ruelle, Haruhiro Shiratori parvient à faire vivre un sourire. Philippe Baylaucq, par ses plans serrés, parvient aussi à nous montrer cette joie infime mais qui fleurit pendant un instant au coin de ces visages d’enfants.
Planter des cerisiers au milieu de Kaboul, la symbolique est belle. Mais on se dit au début que les Afghans auraient besoin d’abord de paix et d’éléments vitaux plutôt que d’une colline boisée et d’une école dépourvue de professeurs non payés. Pourtant, en voyant cet homme se battre pour créer des racines sur une colline aride, on se met à croire au rêve de Haruhiro Shiratori. Créer une alliance entre le Japon et l’Afghanistan, deux pays que tout éloigne mais dont les racines des cerisiers pourront fleurir pour un avenir autre que celui de la colère et de la vengeance.
Le magicien de Kaboul, à l’affiche dès le 16 janvier 2009 au cinéma Parallèle ( Ex-Centris) à Montréal.
Mis en ligne sur le site Soundbeatradio.com le 16 janvier 2009
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